ATELIERS CREATIFS
Lors de la mise en place des ateliers il est suggéré aux enfants la possibilité de plusieurs activités, en mettant à leur disposition du matériel et des matériaux diversifiés.
L'adulte présente intervient le moins possible dans les choix des enfants tout en se mettant à leur disposition pour les soutenir dans leurs propres démarches.
Le temps passé ensemble doit être un moment de plaisir relationnel pour les enfants et les adultes présent.e.s.
Ce plaisir peut provenir de la qualité relationnelle qui s’instaure peu à peu au sein du groupe d'enfants mais aussi, dans l’après coup, de la prise de conscience de ce qui s’est joué dans la résolution des difficultés rencontrées.
C’est un plaisir différent de celui de l’enfant dans le sens où il ne se situe pas dans l’action elle-même mais dans son analyse et dans ce qui a été appris à travers celle-ci. Cela peut nous amener à faire des recherches pour comprendre ce qui s’est passé et ainsi prendre conscience de notre intérêt pour l’évolution de notre propre pratique.
Importance de :
- L’organisation :
- du lieu de l’activité et du matériel. Chaque enfant doit pouvoir évoluer dans un endroit sécure avec du matériel adapté à son âge. Le fait que les enfants aient du matériel en quantité suffisante réparti de façon à être facilement accessible évite bien des causes inutiles - et prévisibles - de frictions.
- du confort des enfants pendant l’activité. Celui-ci est très important pour que chaque enfant prenne du plaisir.
- du plaisir : celui de l’adulte est important car il se transmet aux l’enfants.
Le fait d’être « ignorant.e» ne représente pas un obstacle à proposer une activité car cela permet d’une part aux enfants de trouver leurs propres solutions et d'autre part aux adultes de partager avec eux/elles cette recherche, à égalité et en toute simplicité : étant «ignorant.e» l'adulte ne sera pas tenté.e d’imposer ses propres compétences et façons de faire.
Cela permet également de ne jamais perdre de vue que quelque chose est « facile » quand on a l’habitude de le faire et très compliqué quand on le fait pour la première fois ou que l’on a oublié les étapes de son élaboration ou de sa mise en œuvre.
- de l’observation : l’adulte peut «faire avec les enfants» pour les guider ou les aider (uniquement si ceux/celles-ci le demandent), mais le moins possible «à la place» des enfants (sauf en fin d’atelier pour leur éviter un trop grand sentiment de frustration).
Souvent les enfants n’attendent pas que l’on ait fini nos explications : s'iels pensent avoir compris, iels se mettent immédiatement à tester leurs propres solutions, quitte à revenir demander un complément d’aide s’iels buttent sur une difficulté.
Rien ne nous oblige, nous, adultes à nous mettre dans la peau du « sachant » qui va résoudre tous les problèmes, nous pouvons ne pas cacher à l’enfant que nous aussi sommes en difficulté et chercher à trouver une solution avec lui.elle. Il arrive régulièrement que notre attention suffise à l’enfant pour qu'iel soit capable de venir à bout de ce qui le.la bloquait.
Avant l’activité, il est nécessaire de :
- préparer et installer le matériel ainsi que l’espace dont l’organisation doit rester modulable en permanence.
- Favoriser les enfants motivé.e.s par une activité tout en demeurant disponible aux autres (leur proposer de s’entraider quand on n’est vraiment pas disponible mais souvent les enfants n’ont besoin que d’un petit coup de pouce ou de matériel – d’où l’importance d’avoir toujours celui-ci sous la main – pour repartir satisfaits.)
Accueillir chaleureusement les enfants. Y compris et surtout ceux/celles qui sont qualifié.e.s comme étant "à problèmes".
Pendant l’activité
Veiller toujours au confort et à la sécurité de chacun.e des enfants.
Ce qu’il est important de respecter en observant leur comportement est comment eux/elles se sentent. Une situation peut être considérée comme inconfortable par un.e adulte alors qu’elle convient parfaitement à un.e enfant pour des raisons qui lui sont propres et qui ne regardent que lui.elle. Par exemple, certain.e.s enfants peuvent préférer rester debout ou garder leurs manteaux même quand il fait très chaud.
Les laisser choisir leur place librement et en changer s’iels s’aperçoivent qu’en fin de compte celle-ci ne leur convient pas – et ceci même si l’enfant a au préalable défendu âprement son désir d’occuper cette place. Ses raisons de changer d’avis peuvent être multiples, imprévisibles et inexplicables rationnellement (elles n’en sont pas moins respectables pour autant).
Communiquer avec l’enfant pour le.la guider et l’encourager, ou bien encore lui témoigner notre intérêt (en exprimant en quoi sa création nous parait inventive et non pas en disant « c’est beau » => importance d'éviter les jugements de valeur pour favoriser l’acte créatif pur et l’expression brute).
Observer les réactions et le comportement des enfants afin de prendre conscience de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas dans le dispositif mis en place pour une prochaine fois.
Après l’activité
Ranger le matériel sans demander aux enfants de le faire avec nous mais finir par accepter leur aide s’iels nous la proposent avec insistance, même si celle-ci nous fait perdre du temps (anticiper ce temps de rangement en fonction de l’heure de la fin de l’atelier ce qui permet aussi de laisser un délai supplémentaire aux enfants pour finaliser leurs productions - celles-ci étant prioritaires au rangement.)
Valoriser les réalisations des enfants tout en évitant d’interpréter car on se trompe presque à coup sûr et soit l’enfant se sent floué.e soit iel va essayer par la suite de reproduire ce qui nous a plu plutôt que d’exprimer ce qu’iel a en lui/elle.
Remercier les enfants pour le plaisir du temps partagé avec eux/elles (pas forcément en disant « merci » ! = trouver une formule qui exprime un ressenti qui doit toujours être sincère et positif ou ne rien dire en cas contraire !)
Les ateliers évoluent au fil du temps sans que l’on puisse anticiper cette évolution car celle-ci est liée au cheminement propre à chaque enfant et au groupe.
Mais on peut néanmoins considérer qu’une première étape (qui dure environ un trimestre) est celle de la constitution du groupe « atelier » même si ce ne sont pas à chaque fois les mêmes enfants qui le fréquentent.
[L’expérience du premier trimestre que j’ai acquise au fil des années est souvent celle d’une très grande difficulté relationnelle entre les enfants qui provient de leurs conflits non résolus à l’extérieur et qu’un rien peut relancer.]
Je peux donc consacrer - si nécessaire - les ¾ du temps de l’atelier à la résolution des conflits sans aucun jugement de valeur en me focalisant principalement sur les protagonistes de ceux-ci : je les aide à s’expliquer entre eux.elles et à comprendre l’origine du conflit sans faire aucun commentaire personnel ni porter aucun jugement de valeur.
Par ailleurs, je suis extrêmement vigilante à utiliser des formules de politesse très sophistiquées quand je demande quoique ce soit à un.e enfant et je n’attends de lui/elle aucune réciprocité en retour.
Peu m’importe les « bonjour » », « au revoir », « s’il te plait », « merci » car les enfants apprennent par imprégnation et le modèle, c’est moi.
Je ne demande jamais à un enfant de finir ce qu’il a commencé : c’est lui.elle qui décide jusqu’où iel veut aller.
Je ne demande jamais aux enfants de ranger l’atelier : je considère que cela fait partie de mon travail au même titre que de le mettre en place. Cependant, je ne refuse jamais l'aide volontaire et insistante d'un.e enfant.
J’écoute les demandes des enfants concernant le contenu matériel des prochains ateliers et leur dit ce que je peux ou non leur proposer. Il est souvent arrivé que les enfants aient une proposition et que nous regardions ensemble le matériel dont je disposais et alors ce sont eux.elles qui trouvent leurs propres solutions.
De plus, les enfants se montrent peu à peu extrêmement poli.e.s et coopératif/ves entre eux/elles.
Certain.es enfants – principalement ceux/celles qui s’étaient montré.es les plus agressif/ves au début commencent à me demander de ranger l’atelier avec moi. Je refuse et alors souvent iels me supplient, je leur explique que le plus pénible pour moi est de ramasser ce qui est tombé par terre et que cela m’aiderait effectivement mais que vraiment je ne le leur demande pas car ce serait abuser de leur gentillesse. Je suis extrêmement sincère lorsque je dis cela, d’autant plus qu’en fait je cherche plutôt à les décourager car à ce moment-là ma seule envie c’est de prendre une pause pour décompresser. Mais les enfants insistent tellement que je finis par accepter qu’iels m’aident.
A ceux/celles qui le font et qui me demandent s’iels peuvent emmener telle ou telle chose tombée sur le sol, si ce n’est pas un élément essentiel pour la continuation des ateliers, je la leur laisse emporter (je prévois même des petits sacs pour cela). Je n’ai encore jamais vu que des enfants aient fait tomber volontairement des objets pour les récupérer ensuite. Mais même en pareil cas, il m’aurait toujours été possible de leur expliquer pourquoi je n’aurais pas pu les leur laisser prendre tout en anticipant leur réaction inévitable de frustration sans m’en formaliser ni la trouver illégitime (ce qui n’implique pas nécessairement obtempérer à leur demande)
Il demeure que quelle que soit la période de l’année ou l’âge des enfants, tou.te.s veulent être servi.e.s immédiatement et je considère cela comme tout à fait normal. Je leur explique alors gentiment que j’aimerais bien être capable de faire plusieurs choses en même temps pour les satisfaire mais que vraiment je suis désolée car même si je comprends bien leur frustration et leur impatience, je n’ai pas le pouvoir de répondre à plus d’une demande à la fois.
Plus les enfants sont petit.e.s plus je leur explique que je fais le plus vite possible pour m’occuper d’eux.elles. Je vois bien sur le visage des enfants que cela n’enlève rien ni la frustration ni au sentiment que – étant ''une adulte toute puissante'' - je pourrais faire plus... Cependant malgré cela soit iels patientent à côté de moi, soit iels s’occupent à autre chose en attendant tout en conservant un œil vigilant pour ne pas laisser passer leur tour !
Je n’instrumentalise pas l’atelier ni l’intérêt que les enfants y portent en en profitant pour leur donner des leçons de « bonne conduite », les « éduquer ».
Cependant, je reste très vigilante à l’égard de moi-même pour ne pas m’énerver à leur encontre quand je me sens dépassée, débordée, épuisée.
J'attache une grande importance à être à l’écoute de leurs difficultés relationnelles, ne jamais leur renvoyer une image négative d’eux.elles-mêmes par des propos dévalorisants (s’il m’arrive lorsque je loupe un truc de sortir une grossièreté, je m’excuse d’un « oups, désolée, cela m’a échappé » : je reconnais volontiers mes erreurs ou mes manques sans fausse honte et quand je vois qu’un loupé déçoit trop un.e enfant (par exemple l’un d’entre eux dont je ne suis pas arrivée à fermer le collier qu’il avait recommencé trois fois et dont toutes les perles se sont échappées du fil) je lui exprime ma profonde et sincère compréhension pour sa frustration et reconnaît qu’il a le droit de m’en vouloir. De fait, je me rends compte que s’il/elle réagit très mal sur le moment, il/elle revient par la suite à mes ateliers et se montre totalement confiant.e en moi.
A la fin de l’année je constate à chaque fois non seulement que les enfants me témoignent la même magnanimité que celle dont j’ai témoigné à leur égard mais qu'iels se la témoignent entre eux.elles.
Le principe essentiel des ateliers c'est le plaisir de la création.
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