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Une Bibliothèque Hors Les Murs

Photo du rédacteur: alaccordagesalaccordages

(BHLM, Ville de Paris, Bibliothèque Hergé, Jardins d’Eole)

il y a environ 12 ans

Actions et observations :


Deux enfants Africain.e.s frère et sœur sont venu.e.s nous chercher à la bibliothèque pour nous accompagner à la BHLM.

Iels restent avec Heidi tout le long du trajet et l’aident à installer son tapis sur la pelouse et à vider son chariot, puis s’installent pour lire avec elle

.

Je me retrouve seule quelques minutes.

Arrive alors un groupe d’enfants qui me demandent de « leur raconter une histoire avec du papier ». Je leur raconte l’histoire de « la chemise du capitaine » qui est une histoire que j'avais déjà racontée précédemment tout en faisant un pliage-déchirage (à la fin). Elle raconte l’histoire d’un capitaine qui part en voyage et finit par faire naufrage et on ne retrouve que sa chemise qui est le résultat du pliage-déchirage du racontage de l'histoire.

A la fin de l'histoire les enfants me demandent de leur faire un bateau en papier pour chacun.e d’entre eleux.

Le garçon (environ 5-6 ans) qui a fini de lire avec Heidi vient me demander de lui apprendre à faire le bateau. Je le lui explique tout en en faisant un moi-même et en l’aidant – à sa demande – dans la précision du pliage du sien. Au final il est très content du bateau réalisé et je lui chante la chanson du livre « le bateau de monsieur Zouglouglou » (« Pour un sou j’ai un bateau, vogue vogue jolie coque, pour un sou j’ai un bateau, vogue vogue au fil de l’eau »). Il s’empare des deux bateaux en exprimant un grand plaisir et retourne auprès de Heidi et de sa sœur qui vient peu après me demander de lui fabriquer un bateau plus grand.

Arrive un groupe d’enfants Asiatiques qui s’emparent des livres, les feuillettent et m’en demandent la lecture. J’ai lu pour eleux et pour les enfants africain.e.s trois fois chacun des « Kirikou » présents (« la mère » et « le monstre bleu ».)

Sur ma gauche un groupe de gamines Africaines se posent des devinettes avec des livres du seuil jeunesse avec des caches qu'il faut soulever pour trouver la réponse. C’est très joyeux et animé.

Quand j’ai fini de lire les Kirikou elles me demandent de leur poser des questions à partir des livres. Je le fais avec un premier livre et, rapidement, des enfants Asiatiques filles et garçons et un garçon Maghrébin viennent participer.

Les gamines Africaines avaient initié un comptage de points – chacune comptant le nombre de bonnes réponses qu’elle avait accumulées – sans que cela suscite une quelconque forme de compétition. Les autres gamin.e.s ont repris l’idée, le comptage restant une donnée personnelle : quand iels accumulaient les points iels étaient content.e.s et les autres enfants l’étaient aussi pour eleux.

Beaucoup de rire et de joie ainsi qu’un plaisir évident d’apprendre de nouveaux mots (très peu, en fait car iels trouvaient rapidement la plupart des réponses.) Les autres enfants étaient content.e.s des réussites de chacun.e.s d’entre eleux. Quand iels ne trouvaient pas iels se montraient déçu.e.s mais la déception partait vite quand iels se rendaient compte qu’il s’agissait de mots qu’iels ne connaissaient vraiment pas. Iels étaient content.e.s de les découvrir et d’en discuter avec moi : on a beaucoup échangé autour du mot « cornemuse » par exemple.

Comme une dizaine d’enfants s’étaient réuni.e.s autour de moi je leur ai proposé de leur chanter la chanson espiègle d’Anne Sylvestre « Pipistrelle et Cacatoès ». Iels ont beaucoup ri en l’écoutant.


La petite fille asiatique rencontrée lors de la séance précédente est arrivée pendant que je lisais les « Kirikou ». Elle s’est à nouveau mise à papillonner entre les livres mais en s’arrêtant un peu plus longtemps sur chacun d’eux. Elle a regardé un « qui suis-je ? » en tournant les caches avec beaucoup d’application. Je me suis vaguement demandé où était son père parce que je ne les avais pas vu.e.s arriver et qu’il n’était pas près d’elle. A un moment elle l'a cherché du regard et il est arrivé immédiatement, tout souriant. Il a feuilleté quelques livres avec elle puis il est allé s’assoir un peu plus loin, bien en vue cette fois.


Entre deux lectures que je faisais à d’autres enfants, la petite fille m’a tendu un livre cartonné sans textes sur des paysages de cinq continents. Elle en a tourné les pages jetant un coup d’œil rapide mais très concentré sur chacune d’elle puis elle s’est éloignée. Peu après je l’ai vu vider le sac de revues – ce que j’avais oublié de faire en sortant les livres du chariot – et elle les a étalés soigneusement autour d’elle sur le tapis. Elle en a regardé attentivement quelques-unes puis elle s’est arrêtée sur une petite revue en chinois qu’elle a feuilleté longuement le nez collé sur les pages. Puis elle l’a placée sous son bras droit tout en la caressant de sa main gauche et l’a serrée contre elle comme un doudou. Plus tard, je l’ai vue près du chariot d’Heidi et là, très adroitement elle a fait tomber celui-ci par terre. Son père l’a regardée l’air gêné puis il a fait le geste de se lever en criant des mots dans sa langue mais sans aucune violence dans le ton. La petite fille n’a pas montré si elle l’entendait ou pas et j’ai fait signe au père en souriant qu’il n’y avait pas de problème. Il s’est rassit. La petite est alors entrée dans le chariot, elle en a sorti trois livres qu’elle a jetés derrière elle, puis elle s’est levée et a remis le chariot debout avec une facilité étonnante pour sa taille !

Plus tard je l’ai vue se mettre systématiquement au milieu des gamines Africaines s’emparant des livres qui se trouvaient devant celles-ci ou marchant dessus. (Auparavant je l’avais vue regarder un livre japonais sans texte sur l’araignée avec des pages en papier translucide – c’est d’ailleurs le bruit que faisaient les pages en étant tournées qui avait suscité ma curiosité – avec une des plus grandes gamines Africaines toute souriante). Très vite les autres gamines Africaines l’ont prises dans leurs bras en riant. Le père, un sourire aux lèvres s’est alors levé et il les a suivies, toujours souriant, de pas trop loin, partout où elles allaient. Quand la petite arrêtait de rire la gamine qui la tenait dans ses bras la posait tout de suite par terre et une autre prenait aussitôt le relai. Le jeu s’est arrêté sans que j’aie vu si c’était parce que les gamines Africaines s’étaient lassées ou si c’était la petite qui avait montré qu’elle en avait assez ou si le père était intervenu.

A ce moment là j’ai vu un grand jeune homme allongé près de moi. Il me tournait le dos. J’ai soudain eu une intuition éclair et je lui ai dit bonjour. Il s’est alors retourné et j’ai vu que c’était effectivement un jeune que je connaissais : il était venu plusieurs années auparavant me chercher à la bibliothèque après que la Ville de Paris a mis en ligne une vidéo me montrant sur une BHLM (Bibliothèque Hors Les Murs) et tout le long du chemin entre la bibliothèque et le lieu de lecture aux Jardins d’Eole il m’avait raconté sa vie. Puis, plusieurs années de suite il est venu dans les ateliers créatifs libres que j’avais initiés et organisés à la bibliothèque. Il m’a un peu parlé de lui et m’a demandé de lui lire des livres tous en rapport avec l’Afrique.

Peu après, une jeune fille Asiatique est venue me demander de regarder avec elle un livre sur les familles du monde : elle m’a montré une photo de femmes girafes de Birmanie et m’a demandé si c’était vrai que cela existait. J’ai confirmé et elle était très étonnée et intéressée. Puis le jeune homme a feuilleté le livre soigneusement une page après l’autre car il cherchait son pays. Quand on est arrivé sur le Mali il a dit « voilà, c’est là ! » Il m’a demandé de lui lire le nom des villes et il a dit : « c’est pas chez moi ! ». Je lui ai alors demandé où c’était chez lui et il m’a répondu : « Bamako ». Ensuite on a continué à feuilleter le livre et nous avons eu toute une discussion avec la jeune fille qui lui a montré une famille d’Afrique du Sud en lui demandant si c’était chez lui. Il a feuilleté le livre en revenant en arrière et a répondu : « non, c’est pas chez moi ». Il a alors soigneusement feuilleté tout le livre et à chaque fois qu’il voyait des Africains il disait : « C’est pas chez moi » et me demandait dans quel pays c’était et dans quelle région d’Afrique était ce pays. La jeune fille a repris le feuilletage du livre à son tour et sur chaque page elle lisait et répétait le mot qui voulait dire « bonjour »….

C'était juste l'heure de se dire "au revoir"... Les jeunes nous ont aidées spontanément à ranger les livres dans les chariots et Heidi et moi sommes retournées à la bibliothèque, fatiguées mais contentes...



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